C’est en fouillant dans mon ordinateur que je suis tombée sur les photos prises il y a un an, qui devaient me servir à faire cet article…
Cela fait un an que le dernier article a été publié. Vous imaginez bien que maintenant, étant passée dans l’année supérieure, comme je vous l’avais expliqué, je travaille sur des mannequins qu’on appelle « fantômes », qui représentent le haut du corps d’un patient, avec des joues élastiques et des vis qui nous permettent de fixer les modèles avec les dents.
C’est parti, on va parler des couronnes provisoires !
Une fois qu’on a réalisé la préparation de notre dent comme dans l’article précédent, vous imaginez bien qu’on ne va pas laisser le patient repartir avec une dent en pointe ! On aura réalisé avant de commencer le traitement, une empreinte de notre dent, une « clé » qui nous servira de moulage pour notre couronne provisoire.
En effet, on prépare un mélange de résine qui durcit d’elle-même au bout d’un certain temps. Cette résine est appliquée dans l’empreinte que l’on a fait, pour finalement venir l’appliquer sur la dent préparée. On obtient donc une réplique en positif de la dent telle qu’elle était avant, qui vient s’ajuster sur la dent préparée.
Ici vous avez l’intérieur de la couronne provisoire, ce qu'on appelle l'intrados, qui vient s’ajuster sur la préparation qu’on a fait :
Une fois la résine durcie, on l’enlève de la dent et on se rend compte que l’on n’est pas exactement aux limites de la préparation, on déborde un peu. Qu’à cela ne tienne, on sort notre fraise résine et on fraise tout autour de la couronne jusqu’à ce quelle vienne au contact des limites sans pour autant fraiser plus : il y aurait un espace non protégé par la couronne. Cet espace qui laisserait notre quenotte à l’air libre est une porte d’entrée pour les bactéries qui viendraient se nicher sur la dent fragilisée. C’est donc super important de respecter ces limites !
Si toutefois on aurait un peu trop taillé, on peut effectuer un « rebasage » : on fait un nouveau mélange de résine que l’on applique au niveau de l’espace qu’on a créé en mettant à nouveau notre empreinte par-dessus. Il suffit alors à nouveau de fraiser les excès pour revenir aux limites.
Il ne nous reste plus qu’à l’essayer : ici deux molaires mandibulaires :
Et ici une première prémolaire maxillaire, une prémolaire du haut :
Alors oui, vous trouvez peut-être que ces couronnes ont l’air un peu jaune par rapport aux autres dents. C’est parce qu’on est en TP, que tout le monde fonctionne avec la même résine dont nous n’avons pas choisi la teinte ! Bien sûr, une fois au fauteuil avec le patient, ce sera différent.
Il ne nous reste plus qu’à bien polir pour éviter les petits picots qui pourraient blesser le patient.
Le tour est joué !
Au menu aujourd’hui : travaux pratiques de PF ( Prothèse fixée ). La prothèse fixée c’est en gros : la couronne, le bridge, l’implant. Ca porte bien son nom, quoi ! Ca ne bouge pas ( sauf si vous vous cassez une couronne mais c’est autre chose ) !
C’est une matière que nous avons commencé au deuxième semestre donc autant dire que nous n’avons pratiquement aucune expérience, alors les photos que je vous montre, qui sont des photos de mon travail personnel, sont loin d’être des exemples à suivre !
Pour l’instant, nous avons appris à tailler les dents pour les préparer à recevoir des couronnes. Les couronnes, ce sont des prothèses qui coiffent les dents que l’on a soigné pour cause de caries, de traumatismes importants, afin de les protéger de nouvelles attaques carieuses. En effet, vous vous doutez bien qu’après un soin où l’on a enlevé un morceau de dent cariée, cette dent est plus fragile, plus exposée. Quand la carie est assez petite, pas de problèmes : amalgames ( plombages ) ou composites. Quand la carie est vraiment trop importante, on protège ce qui reste avec une couronne.
Pour tailler la dent, il faut respecter un certain nombre d’impératifs : bien sûr, il ne faut pas toucher les dents d’à côté, histoire de ne pas causer une lésion où des caries pourraient s’installer et il ne faut pas toucher non plus la gencive. Il faut tailler la dent sur toutes ses surfaces mais en restant homogène tout du long ( ne pas enlever énormément de dent d’un côté et pas beaucoup de l’autre car en plus on risque de toucher la pulpe si la dent est vivante ). Il faut la tailler comme un « abat-jour », en « dépouille » : créer des angles qui font que la surface de la dent est plus petite que sa base. Ces angles ne doivent pas être trop prononcés non plus, ça a été mon problème la première fois, j’avais enlevé beaucoup trop de substance en inclinant trop ma fraise ! Sur la photo, c'est la deuxième molaire ( l'avant-dernière photo ) : vous voyez que à côté de la première molaire qui était mieux taillée celle-là, elle a perdu beaucoup trop de substance, elle est trop inclinée.
Après avoir taillé notre dent, on vérifie qu’il n’y a pas de « contre-dépouille ». Késako ? La contre-dépouille c’est le schéma A ( la dépouille justement c’est le deuxième schéma ) :
Vous voyez bien que si on a une dent taillée comme sur le schéma A, lorsqu’on essaiera de poser une couronne, elle ne pourra pas épouser cette forme car elle devra d’abord passer la partie la plus large. Et elle serait impossible à enlever ensuite ! D’où l’importance de ne pas avoir ce genre de rebord à l’intérieur.
Bien sûr, il faut aussi respecter l’anatomie générale de la dent : lui donner une forme de pot de fleur inversé, d’accord, mais il faut que cela ressemble quand même à ce que c’était avant. Voilà ce que vous pouvez voir sur la première photo sur la première molaire.
Pour vérifier que l’on a bien taillé partout uniformément, on a fait avant la taille de la dent, une empreinte de cette dent qui nous servira de modèle : c’est ce qu’on appelle « la clé ». Avec cette clé, on peut facilement vérifier si on a bien taillé partout la même épaisseur et si on a respecté l’ancienne forme de la dent. Ma clé en photo !
Vous voyez, ce sont les dents en négatif ! Et pour s'assurer de l'épaisseur homogène enlevée, on coupe cette clé au milieu de la dent concernée. Comme ça, en la posant par dessus la dent taillée, on a à la fois les "courbes" de l'ancienne dent et celle de la dent taillée et on peut vérifier qu'elles sont bien parallèles.
J'ai oublié de préciser, mais bien sûr, nous travaillons sur des modèles, hors-bouche. L'année supérieure, nous passerons en bouche en nous entraînant sur des mannequins, et l'année suivante, allez hop, sur les patients de l'hôpital !
Demain, je vous montrerai comment on fait les couronnes provisoires !
]]>Mon stage s'est achevé vendredi avec un ultime "au revoir" à tout le staff de mon service.
La première semaine, les étudiants de deuxième année de médecine et de dentaire se sont réunis à l'école d'infirmières de Nice, pour recevoir quelques notions sur le lavage des mains, la pose des gants stériles, la prise du pouls et de la tension... ainsi que des cours sur les infections nosocomiales, la politique de soins infirmiers... Bref, des moments super intéressants et d'autres, essentiels, mais un peu somnifères !
( J'ai bien écouté, je vous le promets ! )
J'ai ensuite été admise dans mon service, celui des cérébro-lésés. J'ai fait connaissance avec un personnel très sympathique, prêt à tout vous expliquer puis à vous laisser tester. J'ai ainsi pu :
. prendre le pouls, la température et la tension artérielle des patients pour la noter sur leur grand tableau
. faire des piqûres de Lovenox en "sous-cutané" c'est-à-dire des piqûres avec des aiguilles pas plus longues que la dernière phalange de votre pouce ( photo à côté ). Je n'ai pas le droit de faire des "intraveineuses" ou autres prises de sang bien sûr. Je n'ai pas le niveau, et c'est strictement interdit par le règlement qui concerne les stagiaires de deuxième année que nous sommes !
. changer des pansements d'escarre, de gastrostomie ( sonde qui rentre directement dans l'estomac et qui permet de nourrir le patient )
. faire l'examen clinique d'un Guillain-Barré avec un externe de 5ème année : c'est à dire lui poser toutes les questions sur ses antécédents, l'histoire de la maladie, son mode de vie; et faire l'examen clinique : vérification des réflexes, prise des constantes, palpations...
. assister à des séances de rééducation avec le kiné du service
. assister à des séances d'ortophonie : les patients en cérébro-lésés ne peuvent quelquefois pas s'exprimer et ont perdu le réflèxe de déglutition, ils ne peuvent donc pas manger tout seuls, alors on comprend que les ortophonistes sont importants !
. assister à des ponctions lombaires
. assister à des biopsies de peau : on fait comme une carotte dans la peau pour en prélever un morceau
. assister à des biopsies musculaires, même principe que pour les biopsies de peau à la différence qu'on doit creuser plus profond pour atteindre le muscle ( le trou est assez impressionnant d'ailleurs : il dépend de la quantité de graisse à traverser avant le muscle mais pour exemple, chez la première patiente, il était assez profond pour mettre les deux dernières phalanges de votre index et il était deux fois plus large que votre nombril ) . La première que j'ai vu s'est mal passée : la patiente ayant bougé au moment critique, le médecin a coupé en lieu et place d'un morceau de muscle, des vaisseaux ! Et la patiente ayant des problèmes de coagulation, je vous laisse imaginer la quantité de sang déversée... Sur les 4 étudiants qui y assistaient, seul un a réussi à rester debout, moi-même ayant été obligée de m'asseoir après avoir vu le médecin suturer la plaie sans avoir pu réaliser sa biopsie ! Les biopsies que j'ai vu ensuite se sont très bien déroulées et ne m'ont pas posé de problème ^^ C'est comme ça qu'on s'endurcit !
( L'hôpital L'Archet à Nice, où j'étais )
Il y a des moments durs lorsqu'on voit l'état de certains patients, recroquevillés sur eux-mêmes, sans la possibilité de parler et de bouger, et dont on ignore l'état de conscience. Ces moment sont encore plus durs lorsqu'on apprend les circonstances, parfois lourdes : tentative de suicide, AVC ; et parfois absurdes : chute de la hauteur de la personne, chute après avoir bu, ou chute en faisant du roller...
Et puis il y a des moments de franche rigolade avec des patients qui nous en mettent plein la vue, en progressant petit à petit mais sans rien lâcher. Une vraie leçon !
Ce stage m'en aura fait découvrir ! Je trouve ça très bien que les deuxièmes années de dentaire y participent car après tout, nous avons pour l'instant les mêmes connaissances que les deuxièmes années de médecine, et ces stages nous apprennent des choses tout aussi importantes pour nous...
Lundi, c'est la vraie rentrée, avec la remise des mallettes et le plongeon dans les cours ! A suivre...
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